Famille un jour… Famille toujours!
Parution dans Le Soleil | Édition du 17 mai 2002
Québec, le 14 mai 2002 – La semaine québécoise des familles est en cours. Plusieurs organismes travaillent avec acharnement à organiser des activités pour donner à « la famille » toute la place qui lui revient. Quant à lui, le gouvernement crie haut et fort qu’il prend partie pour la famille et qu’il veille à améliorer ses conditions de vie: augmentation de l’aide financière pour les enfants, consolidation de l’aide à la petite enfance, instauration d’une perception automatique des pensions alimentaires, programme favorisant la conciliation famille-travail, etc.
Mais qu’en est-il de la définition de la famille? Parle-t-on des personnes apparentées vivant sous le même toit? Des personnes liées entre elles par le mariage, la filiation ou l’adoption? La famille est-elle uniquement limitée aux parents qui ont des enfants en bas âge? À observer les orientations du gouvernement et l’emphase dirigée vers les jeunes familles, nous serions portés à penser qu’au-delà de cette réalité, point de salut. Non pas que ces dernières n’ont pas de besoins, mais quand les enfants deviennent majeurs, qu’ils ont 18 ans, le concept familial semble disparaître, et pourtant…
Lorsque les enfants deviennent adultes, qu’ils sont atteints de maladie mentale et qu’ils sont dépendants des parents, il n’y a plus de politique familiale, il n’y a que des obligations et des contraintes: obligation alimentaire, crédits d’impôt déficients, hébergement, soutien émotif et financier. Les dossiers sont sectorisés et le gouvernement semble oublier que le concept familial perdure dans le temps. 55% des familles qui hébergent un proche atteint de maladie mentale allègent le fardeau financier de l’État. Elles suppléent au manque de ressources dans la communauté et ce, au prix de leur propre santé mentale et physique.
Les fonctionnaires du ministère de la Santé et des Services sociaux croient et travaillent avec acharnement à l’élaboration de plans d’action et d’orientations qui ont pour objectifs d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de maladie mentale et celle de leur entourage. Les familles contribuent activement à l’élaboration de tous ces beaux concepts, mais l’argent demeure dans les coffres de l’État. Le maigre 8 millions de dollars d’argent neuf ajouté en santé mentale en 2001 n’a servi qu’à calmer les esprits et à gagner du temps.
Lorsque la maladie mentale frappe dans nos maisons, les membres de l’entourage sont bouleversés, un raz-de-marée envahit leur quotidien et dès lors, «la famille» reprend tout son sens. Les parents sont vieillissants, les enfants sont devenus des adultes, mais ils forment toujours une famille. Mme Goupil s’occupe des jeunes familles et M. Legault de la santé et des services sociaux, où se terrent là aussi, des familles. Malheureusement, nos décideurs politiques sous-estiment encore l’ampleur de leurs besoins.
Famille un jour… famille toujours, tentons de ne pas l’oublier!!!
Hélène Fradet, directrice
Fédération des familles et amis de
la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM)