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CS 2004 | Pour ne pas s'oublier

Telle une galerie d’art, la vie comporte une série de tableaux diversifiés qui peuvent nous couper le souffle. Ainsi, dans le meilleur des mondes, les parents accompagnent leurs enfants dans leur cheminement jusqu’au jour où ces derniers quitteront le nid familial. Pour certains, cette séquence n’est toutefois pas une équation facile, loin de là. D’un autre angle, nous rêvons tous d’avoir une vie de couple stimulante et enrichissante, mais lorsqu’un événement déclencheur entraîne notre conjoint(e) dans un état de psychose tel que l’on ne le reconnaît plus, la relation amoureuse risque de se modifier. Enfin, une soeur, un frère ou un ami développe des symptômes reliés à une maladie mentale et on a l’impression que la terre cesse de tourner. On ne peut accepter cette situation, car l’autre devient méconnaissable.

En fait, lorsque la maladie mentale devient partie prenante du quotidien de l’un de nos proches, la relation et l’accompagnement que l’on croyait s’être installés en fonction de la notion du temps, de l’âge et du type de relation ne tiennent tout simplement plus. La retraite anticipée qui était attendue avec fébrilité prend une perspective souvent inattendue et l’épuisement devient l’ennemi à combattre, la relation amoureuse s’effrite jusqu’au point de rupture ou encore l’amitié est mise à rude épreuve. Un gouffre nous guette…

Heureusement, le Québec bénéficie d’un réseau d’associations de familles et amis qui viennent en aide annuellement à plus 60 000 québécoises et québécois qui ont un proche atteint de maladie mentale. Qu’il s’agisse d’un problème de schizophrénie, trouble bipolaire, troubles obsessionnels-compulsifs ou dépression sévère, les groupes-membres de la FFAPAMM peuvent vous offrir une large gamme de services : interventions psychosociales, activités d’information et de formation, groupes d’entraide, activités de sensibilisation et mesures de répit-dépannage.

Comme à tous les ans, la semaine de sensibilisation aux maladies mentales est une occasion unique pour rappeler à la population l’importance d’aller chercher de l’aide lorsque l’un de nos proches se voit confronté à une maladie mentale. Je lance un appel particulier aux hommes, puisque de façon générale, nous sommes plus réticents, plus méfiants à demander du soutien. On sous-estime trop souvent la charge énorme que comporte l’accompagnement d’une personne qui vit des difficultés importantes. Soutenir et aider l’autre implique un don de soi, au point où l’on peut nous-mêmes sombrer et s’oublier si l’on ne va pas chercher de l’aide.

Depuis maintenant dix ans que je suis porte-parole de la FFAPAMM, j’ai côtoyé et rencontré des centaines de personnes, entendu des témoignages, vu des larmes de désespoir, mais j’ai surtout croisé des sourires d’espoir. Si vous connaissez quelqu’un qui a une maladie mentale, que vous ayez 10, 30 ou 60 ans, que vous soyez une femme ou un homme, n’hésitez pas à contacter la FFAPAMM ou l’une de ses 42 associations qui sont réparties dans la province. Comme le dit si bien M. Turmel qui a accepté de s’identifier sur l’affiche, elles se démarquent par leur simplicité, leur respect et leur professionnalisme. Croyez-moi sans réserves et demandez de l’aide, car pour pouvoir aider, il faut s’aider !

Rémy Girard
porte-parole de la campagne de sensibilisation 2004 de la FFAPAMM