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LA CROISÉE | Maladies mentales : lutte à la stigmatisation et à l'autostigmatisation

Description de la réalisation ou du programme

Il a été présenté lors de la semaine de sensibilisation aux maladies mentales en octobre 2015. Les moyens utilisés étaient des kiosques d’information. Nous avons ciblé les étudiant-e-s et les enseignant-e-s du CÉGEP le 5 octobre de 11 h à 14 h et les personnes à la cafétéria du CISSS-hôpital de 9 h à 15 h.

Pour la réalisation de ce kiosque, l’intervenante liée à cette tâche demandait aux étudiant-e-s ainsi qu’aux gens de l’hôpital de faire de la stigmatisation envers la personne atteinte de maladie mentale. Concrètement, on devait inscrire sur un bout de papier les préjugés qu’ils ou elles ont par rapport à la maladie mentale. Une fois ceux-ci écrits, avec l’aide de notre stagiaire en Éducation spécialisée qui représentait la personne atteinte de maladie mentale, l’intervenante leur demandait de coller ce bout de papier sur celle-ci. En même temps, elle faisait le lien qu’il est difficile pour la personne atteinte de faire face aux préjugés qu’elle venait de recevoir des participant-e-s.

Par la suite, un autre exercice était demandé afin de faire de l’autostigmatisation. Donc, comment les perceptions des autres deviennent parfois tellement puissantes que la personne finit par les croire réellement. L’intervenante tenait un miroir dans ses mains et demandait aux participant-e-s de s’autocritiquer comme s’ils ou elles étaient eux-mêmes ou elles-mêmes atteint-e-s. Alors, ils ou elles écrivaient sur un papier la critique et la collait dans le miroir.

Le but de cette sensibilisation était de leur faire prendre conscience de leurs gestes au quotidien. Avec cette activité, les gens voyaient concrètement les effets de la stigmatisation et de l’autostigmatisation auprès de la personne atteinte. L’intervenante a refait le même processus, mais cette fois-ci, en lien avec les membres de l’entourage.

Retombées

L’intervenante faisait le lien qu’il est difficile pour la personne atteinte de faire face aux préjugés qu’elle venait de recevoir des participant-e-s et que ces bouts de papier allaient rester collés sur elle. Cette dernière aura probablement beaucoup de difficultés à s’en défaire, puisque les étiquettes sont éparpillées sur elle. L’intervenante provoquait la réflexion suivante : « Vous, vous allez partir et continuer vos tâches, mais la personne aux prises avec ces jugements écrits, risque de se les approprier et de les intégrer en elle-même. »

D’autre part, le simple fait de se regarder avec une étiquette dans un miroir a provoqué une analyse chez les participant-e-s ; c’est-à-dire si les gens me traitent de fou ou de folle et que je me traite de la même façon je pense que je suis fou ou folle. Le regard que je viens de porter sur moi-même est destructeur. La réflexion était sensiblement la même pour les étiquettes apposées aux membres de l’entourage ou que ceux-ci s’apposaient.

Pendant la tenue des kiosques, l’intervenante a confronté les gens à dévoiler leurs jugements face à la maladie en leur demandant de les écrire. Au total, elle a recueilli cent trente-deux (132) préjugés en lien avec la stigmatisation et l’autostigmatisation. Les gens avaient une perception différente de ce qu’ils pensaient de la maladie mentale jusqu’au moment où ils devaient l’écrire. On pouvait même observer le non-verbal des participants, réticence, malaise, ils prenaient du recul et niaient même complètement avoir des préjugés.

L’intervenante les a confrontés quelque peu en leur donnant des exemples concrets tels Guy Turcotte, le drame de Saint-Romain, etc. Par la suite, l’intervenante les voyait réfléchir. Dès lors, ils acceptaient de participer et d’écrire leurs jugements. Par contre, plusieurs personnes tout en écrivant prenaient conscience de l’impact de leurs mots une fois extériorisés sur papier. Certaines ont même mentionné : « C’est méchant ce que j’écris. » C’est à ce moment qu’elles ont pu visualiser les impacts négatifs de leurs gestes et de leurs mots.

Certains stigmas sont revenus plus souvent concernant la stigmatisation : fou ou folle (15 fois), différent-e (6 fois), « fucké » (5 fois), bizarre (4 fois). D’autres un peu moins: malade, pas intelligente, malchanceuse, dangereux, débile mental et mongol. Pour ce qui est de l’autostigmatisation comme si les participant-e-s étaient eux-mêmes atteint-e-s : je suis un bon ou une bonne à rien (8 fois), je suis un fou ou une folle (7 fois), pourquoi moi (4 fois) et je suis bizarre (3 fois). Pour ce qui est de l’autostigmatisation comme s’ils étaient des membres de l’entourage ce qui revenait le plus souvent était : qu’est-ce que j’ai manqué, je l’ai mal élevé, je suis une mauvaise mère, je le changerais, etc.

Pour l’année 2016, La Croisée désire poursuivre sa démarche de sensibilisation. En consultation avec la directrice de La Croisée, l’idée du Petit Prince est survenue. Le scénario imaginé est le suivant : avec l’aide du Petit Prince (figure cartonnée sur 3 pieds de hauteur), nous allons utiliser les préjugés que les participants ont identifiés au cours de la semaine de sensibilisation du 5 au 11 octobre 2015. Ces préjugés seront collés d’avance sur le Petit Prince et l’intervenante demandera aux participant-e-s de trouver un ou des moyens afin d’aider le Petit Prince à se défaire de ces préjugés. Une fois ceux-ci inscrits, nous enlèverons un préjugé et le remplacerons par le moyen identifié.

Le but de cet activité sera de démontrer à la personne qui aide le Petit Prince que nous avons les moyens nécessaires afin d’abattre les préjugés. On pourra dire aux participant-e-s une phrase que le petit prince disait : « L’essentiel est invisible pour les yeux ! ». Ce sont de petits gestes qui, nous le croyons, peuvent provoquer des changements. Ces activités proactives nous permettent de sensibiliser, mais également de faire connaître notre organisme auprès de la population.