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Alliance thérapeutique

D’entrée de jeu, dans tous les cas, l’alliance thérapeutique fait référence à la relation des professionnels de la santé avec leur patient. En d’autres mots, les professionnels qui traitent votre proche doivent établir un lien de confiance avec ce dernier pour assurer l’efficacité du traitement.

Ces professionnels (qui détiennent des expertises diversifiées) peuvent être le médecin psychiatre, le médecin généraliste, le personnel infirmier, le travailleur social, le psychologue, l’ergothérapeute, l’éducateur spécialisé ou autre. L’ensemble de ces professionnels travaille à l’évaluation, au traitement et au suivi dans la communauté de votre proche.

Or, qu’en est-il de votre rôle à titre d’accompagnateur ? Quelles sont vos attentes envers ces professionnels ? Quels sont les obstacles que vous allez rencontrer ? Quelle attitude devez-vous adopter ? Il s’agit de questions d’extrême importance, car les réponses peuvent avoir des incidences sur la qualité de votre participation au processus de rétablissement de votre proche.

 

Comment puis-je aider ?

Dans un premier temps, rappelez-vous toujours que vous êtes maître de votre implication. Personne ne peut vous forcer ou vous imposer à jouer un rôle que vous ne voulez pas assumer. Cependant, si tel est votre désir, à titre d’accompagnateur, sachez que vous pouvez apporter du soutien affectif et/ou matériel à votre proche. Pour ce faire, il est important que vous puissiez établir un contact avec l’équipe traitante.

L’aide que vous pouvez apporter peut prendre différentes formes. Les membres de l’entourage ont l’habitude de soutenir leur proche au niveau des besoins primaires, tels que la nourriture, le logement, la sécurité et l’amour. À cet égard, votre connaissance du quotidien et des routines de vie de votre proche peut soutenir de façon significative l’intervenant professionnel puisque ce dernier n’a pas connu votre proche avant l’apparition de sa maladie. Son savoir académique lui permet de bien connaître et comprendre la maladie, mais il ne connaît pas votre proche.

Vous avez donc intérêt à « faire équipe » avec les professionnels, mais demeurez vigilant sur vos limites, car le grand danger qui guette les accompagnateurs est similaire d’un pays à l’autre : l’épuisement et l’isolement. Ceci veut dire que si vous désirez combler tous les besoins de votre proche, vous arriverez rapidement à bout de souffle. Ce danger est réel et il faut vous en préoccuper dès maintenant. Accompagner votre proche laisse entendre que vous le soutenez pour favoriser son rétablissement. Soyez vigilant puisque vous pouvez tomber dans un piège important : la prise en charge de la vie de votre proche peut nuire à son rétablissement et du même coup, nuire à votre santé physique et/ou mentale.

 

Comment faire pour m’impliquer dans le traitement ?

L’une de vos forces est assurément reliée à la qualité du lien que vous entretenez avec votre proche. Il s’agit d’une relation humaine que personne ne peut égaler puisqu’elle est basée sur des sentiments familiaux ou d’amitiés. À votre façon, en fonction du lien qui vous unit et de votre engagement à son égard, vous devenez un phare, une forme de référence sécurisante et indispensable pour lui.

À cet égard, votre implication auprès de l’équipe soignante est souhaitable, mais il faut d’abord faire quelques constats :

  • les professionnels et les familles proviennent de deux univers différents ;
  • à moins qu’il soit reconnu comme étant inapte (incapacité à prendre soin de lui-même), votre proche a le droit de prendre les décisions qui le concernent ;
  • le professionnel va toujours travailler dans l’intérêt de son patient ;
  • les professionnels ont peu de temps à vous consacrer.

Ces faits vous permettent de vous situer par rapport aux niveaux de difficulté que vous allez rencontrer et surtout, de l’approche que vous devrez utiliser pour vous faire entendre. Voici quelques étapes que vous pourrez explorer:

  1. Lorsque vous jugerez que sa condition est favorable, discutez et partagez avec votre proche. Faites-lui part de l’aide que vous pouvez lui offrir pour le soutenir dans son rétablissement. Précisez-lui le rôle que vous voulez jouer à titre d’accompagnateur. S’il est d’accord, demandez-lui d’en aviser les membres de son équipe traitante. Dès lors, lorsque vous allez rencontrer les professionnels, expliquez les raisons qui motivent votre intérêt à obtenir des informations sur l’évolution de votre proche.

Soulevez les éléments argumentaires suivants :

  • vous pouvez aider à maintenir l’alliance thérapeutique ;
  • vous êtes une source d’information sur l’évolution de votre proche, de ses habitudes de vie, de ses attitudes et de ses comportements ;
  • vous êtes à même de reconnaître les signes précurseurs d’une rechute ;
  • vous êtes une source positive de motivation ;
  • vous reconnaissez à votre proche son droit à la confidentialité sur les aspects de sa vie personnelle et affective.

Pour faciliter la collecte d’information que vous allez transmettre, mettez sur papier les renseignements que vous allez partager lors de la rencontre avec le professionnel et préparez les questions que vous désirez poser en fonction du temps qui vous est accordé.

  1. Si votre proche refuse votre implication auprès des professionnels, il est inutile d’insister. Vous devez respecter ses raisons, son rythme et ses décisions. Vous pouvez cependant faire appel à son psychiatre ou à un intervenant significatif dans le dossier. En fonction des circonstances, l’un d’eux pourra avoir un pouvoir d’influence sur votre proche.
  2. En tout temps, indépendamment de l’acceptation ou du refus de votre proche, vous pouvez transmettre des informations que vous considérez pertinentes (attitudes et comportements). Par ailleurs, vous pouvez poser des questions à caractère non confidentiel relativement aux services dispensés par l’établissement et aux symptômes de la maladie mentale.

 

Quels sont mes plus grands obstacles ?

La notion de confidentialité, le secret professionnel et le refus de votre proche sont les plus grands obstacles que vous allez rencontrer pour obtenir de l’information sur ce dernier.

  1. La confidentialité. Elle fait référence aux droits à l’inviolabilité de la personne et au respect de sa vie privée. Ce faisant, sans l’autorisation de votre proche, aucun employé ou professionnel qui travaille dans un établissement ou un organisme communautaire ne peut vous dévoiler des informations confidentielles sur votre proche, consignées ou non au dossier.
  2. Le secret professionnel. Il est requis pour tous les membres d’un ordre professionnel. Sauf une urgence, qui vise à prévenir un acte de violence ou l’inaptitude d’une personne majeure, les professionnels sont dans l’obligation de retenir toutes informations relatives au diagnostic de votre proche, à ses résultats d’analyse, son traitement, son évaluation, etc.
  3. Le refus de votre proche. Pour de nombreuses raisons que vous trouverez à la fois bonnes ou mauvaises, il est possible que votre proche refuse votre implication dans son suivi. Malgré la peine et les inconvénients engendrés par cette décision, vous devez le respecter dans ses choix.

 

À retenir

Quoique la législation soit présente en vue de protéger l’ensemble des citoyens, vous pouvez être extrêmement affecté de ne pas pouvoir accéder aux informations qui concernent votre proche. Vous pouvez être porté à croire que vous n’êtes pas important et reconnu pour le soutien que vous lui accordez. Il ne faut pas prendre les choses sur une base personnelle ; ne doutez jamais du rôle d’accompagnateur que vous offrez à votre proche.

Vous êtes une personne importante. Cependant, il faut que vous soyez patient, que vous respectiez les limites des professionnels et acceptiez qu’ils ne veuillent pas briser le lien de confiance avec leur patient. N’oubliez jamais que vous avez le droit de leur transmettre de l’information et que vous pouvez également en recevoir sur tous les aspects qui ne sont pas confidentiels.

 

Source : CAP santé mentale et UNAFAM. L’Indispensable.

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