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Campagne de sensibilisation 2003

Public cible: LES MÈRES
Porte-parole: RÉMY GIRARD
Ambassadeur: NICOLE THAUVETTE

Un long voyage en terre étrangère

Mon fils Marc et moi avons accepté d’être sur l’affiche de la campagne de sensibilisation de la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale parce que nous croyons tous les deux qu’il est important de demander de l’aide lorsque la maladie mentale s’infiltre dans notre quotidien. De plus, nous espérons que notre action permettra de démystifier la problématique et permettra à de nombreuses familles qui n’osent pas aller chercher de l’aide de faire un pas vers une association membre de la FFAPAMM. Aujourd’hui, nous savons tous les deux que demander de l’aide n’est pas honteux, au contraire, c’est s’offrir un cadeau inestimable.

Tout a débuté vers le mois de juillet 1997. Je vous éviterai les détails reliés aux premières hospitalisations de Marc. Ses souffrances et les miennes, quoique différentes, sont sûrement comparables à celles de votre proche ou à ce que vous avez vécu ou vivez présentement.

Au début, j’avais vraiment le sentiment que je venais d’atterrir, et ce sans l’avoir souhaité, dans un pays étranger. Je n’avais plus aucun point de repère. Je me sentais perdue, sans bagages ni trousse de survie. Même le personnel de l’hôpital semblait parler une langue étrangère. Ces années furent des plus difficiles à vivre. Marc recevait des services, mais moi je réussissais, tant bien que mal, à survivre dans ce nouveau monde que je ne pouvais apprivoiser. Je dis bien survivre et non vivre mon quotidien pendant 4 ans.

Après toutes ces années, l’espoir était encore au rendez-vous, mais je me sentais seule. J’avais besoin de croire qu’il était encore possible, malgré cette maladie mentale, de pouvoir avoir une vie plus stable où l’harmonie serait de retour. C’est à ce moment-là que je fis une démarche auprès du Pont du Suroît à Valleyfield, un organisme communautaire qui offrait des services de soutien aux familles et amis. Le seul regret qui m’habite est de ne pas y être allée avant.

Quelle belle surprise m’attendait! J’ai rencontré des gens qui comprenaient ce que je vivais depuis 4 ans. Mon souvenir est d’avoir rencontré à cette époque un interprète qui parlait la même langue que moi et qui pouvait m’expliquer le voyage que j’avais entrepris avec Marc en 1997. On m’a donné de l’information sur la problématique, on m’a fait connaître les ressources de ma région, on a répondu à mes questions, mais surtout, on m’a aidé à m’outiller. J’avais enfin trouvé ma trousse de survie.

Depuis que je vais à l’association, j’ai appris à me respecter dans mon cheminement, ainsi que celui de Marc, qui est différent du mien. J’accepte mieux mes limites et je ne me sens plus démunie. J’ai développé des moyens pour éviter de m’épuiser et je gère mieux mon stress et mes inquiétudes de mère. J’ai maintenant le sentiment d’avoir dans mes bagages un ensemble d’outils que je peux utiliser à ma convenance.

Avec du recul, je me dis que le jour où j’ai décidé d’aller à l’association, je me suis donné la chance de mieux vivre mon quotidien. Grâce à l’aide que l’on m’a apportée, j’ai développé des habiletés qui contribuent à maintenir la qualité de relation que j’ai avec mon fils. Aujourd’hui, je n’ai plus l’impression de vivre dans un pays étranger. Je comprends maintenant son monde. Marc et moi savons que la maladie mentale fera toujours partie de notre vie et nous avons appris à vivre avec cela. Nous en venons presqu’à dire que nous faisons un beau voyage, et ce, malgré les imprévus qui pourraient survenir dans l’avenir. Je sais que tout ne sera pas toujours facile, mais j’ai des gens de confiance autour de moi sur qui je peux compter.

À tous les membres de l’entourage qui vivent une telle situation, je vous dis OSEZ. Il ne faut pas hésiter. Le plus long voyage commence par un pas, un simple pas vers une demande d’aide. Faites-vous ce cadeau ! En terminant, je voudrais vous dire qu’au-delà du mieux-être que m’a procuré ma demande d’aide, ma démarche a influencé Marc. Après 6 années de piétinements, il a décidé à son tour de faire appel à des ressources conçues pour lui en vue d’améliorer sa qualité de vie. Je suis très fière de lui, car tout comme moi, il s’est offert le plus beau des cadeaux.

Nicole Thauvette
Ambassadrice de la campagne de sensibilisation 2003