Le processus d’hospitalisation
L’entrée à l’hôpital se fait habituellement lorsqu’il y a présence d’une crise ou d’une désorganisation sévère. L’hospitalisation a pour objectif premier de gérer la situation de crise et de trouver des éléments susceptibles de rétablir l’équilibre. Elle permet de protéger et d’observer la personne en milieu contrôlé et rend possible l’établissement d’un diagnostic et son ajustement.
L’entrée à l’hôpital
L’entrée volontaire
La décision de se rendre de façon volontaire à l’urgence demeure pour tous la meilleure situation. Elle assure un traitement plus rapide puisque la personne consent à se faire hospitaliser et traiter.
L’entrée non volontaire
Ce n’est cependant pas toujours le choix de la personne aux prises avec des troubles mentaux. Parfois, elle n’a pas conscience de son état et refuse d’être soignée à l’hôpital. Il faut dans les cas où l’état mental présente une dangerosité, pour elle ou autrui, agir afin de préserver sa sécurité et celle des autres. Pour l’obliger à subir une évaluation psychiatrique, vous devez vous adresser à la Cour du Québec et présenter une requête pour examen clinique psychiatrique.
Cette demande doit être faite avec sérieux puisqu’elle prive la personne souffrante de son droit à la liberté, un droit fondamental que possède tout individu. La requête pour examen clinique psychiatrique sera alors accordée seulement s’il est prouvé que son état mental représente un danger pour elle ou pour les autres. Pour accomplir cette démarche, vous pouvez vous faire aider d’un avocat, d’un notaire ou encore de notre association. À l’intérieur de cette requête, vous devez prouver, par des observations et des faits concrets, que l’état mental de la personne présente un danger. Idéalement, cette demande peut être accompagnée d’une lettre d’un médecin qui confirme l’urgence d’intervenir.
Voici des exemples concernant différents niveaux de dangerosité:
Dangerosité pour la personne
L’état mental d’une personne peut présenter un danger pour sa sécurité.
Exemple : la personne a des intentions ou pose des gestes suicidaires.
Danger grave et immédiat
L’état mental d’une personne présente un danger grave et immédiat.
Exemple : elle a un plan suicidaire très précis et tous ses comportements laissent croire qu’elle veut passer à l’acte.
Dangerosité pour autrui
L’état mental d’une personne peut présenter un danger pour la sécurité d’autrui.
Exemple : la personne a un comportement menaçant envers autrui, elle est agitée et a agressé un membre de son entourage.
Par contre, dans une situation d’urgence, où il y a danger grave et immédiat, la loi permet de passer outre ce protocole et de conduire la personne à l’urgence sans son autorisation ni celle du tribunal.
La démarche consiste à rejoindre les services policiers (9-1-1) afin qu’ils amènent la personne en crise à l’urgence de l’hôpital. Dès lors, ils attendront qu’elle soit prise en charge par le médecin de garde. Toutefois, les policiers en service peuvent juger que l’état mental de votre proche ne présente aucun danger, mais qu’il nécessite des soins, et vous suggérer d’avoir recours à une requête pour une évaluation clinique psychiatrique.
Lorsque vous faites appel aux policiers, informez-les immédiatement que votre proche a besoin de soins psychiatriques. Ils seront donc mieux préparés à intervenir s’ils connaissent son état de santé.
Les types de garde
La garde préventive
D’une durée maximale de 72 heures, elle est demandée par le médecin en service à l’urgence. Cette mesure exceptionnelle permet de garder, de façon préventive, la personne en établissement malgré son opposition et sans l’autorisation du tribunal. Toutefois, elle ne permet pas de procéder à une évaluation psychiatrique. Brièvement, si votre proche est admis à l’urgence et que son état mental est jugé dangereux, on peut le mettre sous garde préventive pour une période maximale de 3 jours. Ce qui veut dire qu’il demeure à l’hôpital tant que le psychiatre le juge inapte à sortir. Cependant, si on juge que son état mental ne présente aucun danger, il pourra à ce moment-là choisir d’être traité ou non.
La garde provisoire
Durant les trois jours d’observation en garde préventive, si l’état mental du patient présente un danger pour lui-même ou autrui, la garde provisoire sera demandée par un psychiatre afin de procéder à une évaluation psychiatrique. S’il refuse de se faire évaluer, le recours au tribunal devient alors la seule solution pour permettre l’examen clinique.
L’évaluation psychiatrique se fait par l’application de deux examens. Le premier doit être pratiqué dans les 24 heures suivant l’admission et s’il conclut à la nécessité de la garde, un deuxième examen sera effectué. Pratiqué par un psychiatre différent, chaque examen comprend les éléments suivants :
- La date de l’examen.
- Le diagnostic, même provisoire.
- L’opinion du psychiatre sur la gravité de l’état mental de la personne et les conséquences.
- Les motifs et les faits sur lesquels le psychiatre fonde son opinion et son diagnostic.
- La nécessité de la garde si la dangerosité est établie.
- Les capacités de la personne à s’occuper d’elle-même.
La garde en établissement
Si les deux examens psychiatriques concluent à la dangerosité, la garde en établissement sera demandée. Cette forme de garde autorise l’établissement à soumettre la personne à une surveillance et à une observation clinique, mais elle ne permet pas le traitement de la personne souffrante. Le tribunal détermine la durée de la garde. Tel que stipulé dans la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui, toute personne a le droit de refuser la garde en établissement ou encore de subir une évaluation psychiatrique. La seule condition qui permet d’agir sans observer cette loi est la présence de dangerosité de l’état mental ou l’inaptitude à consentir.
La garde en établissement prend fin lorsque :
- Un certificat attestant que la mise sous garde n’est plus justifiée est délivré par le médecin.
- Aucun rapport d’examen psychiatrique n’a été prescrit dans les délais prévus.
- La période fixée dans le jugement du tribunal prend fin.
- Le tribunal administratif du Québec rend une décision mettant fin à la mise sous garde.
- Une décision d’un tribunal judiciaire ordonne que la mise sous garde prenne fin.
Le séjour à l’hôpital
Le médecin à l’urgence juge que votre proche a besoin de soins psychiatriques; il demande alors une consultation. L’infirmière de liaison est informée de cette demande et rencontre la personne. Elle fait une préévaluation puis informe le psychiatre consultant qui, à son tour, procédera à une évaluation. Au terme de ce processus, il décidera si une hospitalisation en milieu psychiatrique est nécessaire. Si tel est le cas, elle se fera dans un premier temps à l’UETT (unité d’évaluation et de traitements transitoires). Si on évalue que la personne a besoin d’une hospitalisation plus longue, elle sera transférée dans l’unité de psychiatrie.
Elle sera alors prise en charge par une équipe soignante comprenant un psychiatre, des infirmières, un ergothérapeute, un travailleur social, des préposés etc. Après avoir établi un diagnostic, le psychiatre, en collaboration avec l’équipe, décidera d’un plan de soins afin que toutes les dimensions de la maladie soient traitées.
Le patient est rencontré régulièrement par les différents membres de cette équipe; une bonne collaboration est un atout essentiel dans l’efficacité de la prise en charge. De plus, l’implication de la famille, si souhaitée par le patient, peut être très bénéfique dans le processus thérapeutique. L’intervenant le plus impliqué dans le traitement est l’infirmière qui devient alors l’intermédiaire entre l’équipe traitante, le patient et sa famille.
Avant de quitter l’hôpital, vous devrez discuter avec l’équipe soignante du suivi à effectuer. Ira-t-il au centre de jour? Où habitera-t-il? Pourra-t-il retourner travailler? Suivra-t-il une thérapie? Aura-t-il un suivi pour sa médication?
Le travailleur social désigné pourra répondre à la plupart de vos questions. La principale fonction de cet intervenant est de trouver des ressources pouvant être profitables à la personne atteinte. Pendant son séjour à l’hôpital, il verra à lui trouver un milieu d’hébergement adéquat. Il veillera aussi à ce qu’elle ait une source de revenu et lui indiquera des références pour faciliter son intégration dans la société. Avec votre participation, le travailleur social peut également entreprendre une démarche de curatelle avec le médecin traitant. Pour toute question concernant le mieux-être de votre proche à sa sortie de l’hôpital, vous pouvez vous référer au travailleur social.
Source : Extrait du Guide à l’intention des familles touchées par la maladie mentale : Pour obtenir un appui à des moments difficiles de la vie. | Éclusier du Haut-Richelieu
Foire aux questions
À sa sortie d’hôpital, il a été convenu avec mon proche qu’il serait hébergé dans une famille d’accueil. Certains membres de la famille ne sont pas d’accord avec la décision. Comment puis-je l’expliquer ?
La décision d’héberger ou non une personne vivant avec un problème de santé mentale est une décision très difficile qu’il faut aborder calmement et sans culpabilité. D’abord, il est important de vérifier l’opinion des membres de la famille qui cohabitent. En fonction des éléments de conflits vécus antérieurement, il peut être préférable de choisir un hébergement alternatif tout en offrant un soutien significatif.
Si des membres de la famille sont en désaccord avec cette décision, il est important qu’ils déterminent les responsabilités qu’ils sont prêts à assumer auprès de ton proche (par exemple : accompagnement à ses rendez-vous ou recherche active d’aide en cas de rechute). Ainsi, tous les membres de la famille immédiate déterminent leurs limites. Lorsqu’une décision est prise concernant un hébergement alternatif, il est important d’en informer l’équipe de soins afin qu’elle puisse faire le nécessaire avant la sortie de l’hôpital. Ton proche doit aussi être informé le plus tôt possible de la décision.
Pour ce qui est de la famille élargie, les amis ou autres, aucune explication n’est nécessaire.
Après plusieurs années de montagnes russes, je crois avoir accepté la réalité de la maladie mentale de mon proche, mais je suis triste quand je pense qu’il ne pourra peut-être pas travailler régulièrement ou fonder une famille. Comment combattre cette tristesse ?
Les gens qui souffrent d’un trouble de santé mentale, comme ceux qui vivent avec une maladie physique chronique, doivent trouver un sens à leur vie. Ils doivent composer avec des attentes déçues et une vie différente de celle dont ils avaient rêvé. Il est important de vérifier s’ils sont tristes ou si c’est ton interprétation de leurs émotions. Souvent, deux personnes qui sont témoins d’un même événement vont en faire un récit très différent. C’est le même phénomène lorsque tu regardes la vie de quelqu’un, tu vois des éléments que tu jugerais inacceptables dans ta vie alors qu’ils sont enrichissants pour la personne.
Sache qu’il arrive fréquemment qu’une personne qui a vécu des années en montagnes russes se rétablisse suffisamment pour occuper un emploi stable et fonder une famille.
Comment expliquer ce qui se passe aux autres membres de la famille, aux amis, à mon proche ?
Avec ouverture et franchise. Il est important que tous ceux qui maintiennent un lien avec la personne atteinte partagent leurs préoccupations avec leur entourage. Une explication de la maladie mentale et de ses manifestations dans le quotidien va permettre d’évacuer la tension que l’on ressent face à l’inconnu. Il faut se rappeler que la personne atteinte va évoluer dans sa maladie, tout comme les personnes autour d’elle, alors il faut éviter l’étiquetage.
Les membres de l’entourage peuvent aussi partager leur détresse, leurs inquiétudes et leur sentiment d’impuissance, un fardeau partagé est toujours moins lourd ! Ton proche fait toujours partie du réseau familial et peut partager les mêmes inquiétudes. Plus vous serez renseignés, moins vous vous sentirez envahis par la maladie.