Mythes et préjugés
Contrairement aux maladies physiques, les maladies mentales sont encore porteuses de préjugés. Par exemple, les gens peuvent croire que toutes les personnes atteintes de maladie mentale sont dangereuses, alors que c’est loin d’être le cas. Ces préjugés viennent de l’ignorance ou de la méconnaissance de la réalité. Pourtant, la maladie mentale est de plus en plus reconnue dans notre société. À preuve, une personne sur cinq (20%) est affligée par une forme de maladie mentale. Les plus courantes sont la schizophrénie, le trouble bipolaire, la dépression sévère et persistante, le trouble de personnalité limite et les troubles anxieux dont le trouble obsessionnel-compulsif.
Tu peux aussi être porteur de préjugés. C’est pourquoi il est important de faire la lumière sur tes peurs et déterminer si elles sont fondées. Tu peux par exemple penser être responsable de la maladie de ton proche, qu’il serait dangereux de le laisser seul, etc. En te détachant de tes préjugés, tu pourras ajuster ton regard et le soutien que tu pourras lui accorder. Tu seras aussi plus à l’aise de sensibiliser l’entourage et l’amener à mieux comprendre les problèmes que vit ton proche et ta famille.
Tu peux faire partie de la solution pour changer la façon dont les gens perçoivent les personnes qui ont un problème de maladie mentale, briser les tabous, réduire la stigmatisation.
Les causes de la maladie mentale
En termes simples, les maladies mentales sont liées à des dérèglements dans la chimie du cerveau et de la pensée, qui peuvent être déclenchés par des événements et difficultés de la vie. Sur le plan génétique, on n’hérite pas d’une maladie mentale, on hérite uniquement de la tendance à la développer.
Plusieurs facteurs peuvent avoir un effet sur le développement de la maladie. À titre d’exemple, au niveau biologique on peut penser à des dommages prénataux, des traumatismes physiques, des infections et des déséquilibres chimiques dans le cerveau. Pour ce qui est des facteurs psychologiques et sociaux, des éléments tels que l’absence de soutien social, de mauvais traitements durant l’enfance, la violence familiale, le chômage et les changements importants dans la vie peuvent influencer le déclenchement de la maladie.
Quelques mythes à propos de la maladie mentale
Voici certains mythes sur la maladie mentale. Nous sommes convaincus que tu en as entendu d’autres. Peut-être même partages-tu certaines de ces fausses croyances…
1. Les personnes qui ont une maladie mentale sont toutes pareilles.
Elles ne forment pas un groupe monolithique aux besoins uni- formes. L’importance de leur maladie, ainsi que lesoutien et les traitements qu’ils ont reçus modèlent l’expérience de la maladie et ses conséquences sur leur vie.
2. La maladie mentale est signe d’aliénation, de dangerosité.
Contrairement à la croyance populaire, très peu de gens souffrant de maladie mentale constituent un danger pour autrui mais la peur, le malaise social, l’incompréhension ou le sentiment de culpabilité hantent souvent l’entourage d’une personne souffrante.
3. Les personnes atteintes de maladie mentale sont incapables de gérer leur vie.
Les personnes ont la capacité de prendre le contrôle de leur vie et de participer activement à leur traitement. En fonction de leur pouvoir d’agir, elles peuvent faire des choix et participer activement aux décisions qui les concernent.
4. Ce sont les personnes atteintes qui ont besoin d’aide et non pas leurs familles.
Une étude a révélé que la proportion des familles qui vivent un niveau de détresse émotionnelle élevée est trois fois plus grande que celle retrouvée dans la population en général. Les membres de l’entourage ont donc besoin d’une gamme de services leur permettant d’actualiser leur potentiel. (Provencher, Perreault, Saint-Onge et Vandal, 2001)
5. Seuls les adultes peuvent souffrir d’une maladie mentale.
Selon les études, 15 % des enfants et des jeunes souffrent de troubles mentaux. Au Québec, cela équivaut à plus de 230 000 enfants et jeunes. La complexité de poser un diagnostic chez des personnes dont ledéveloppement n’est pas terminé exige que l’on accorde une importance particulière aux services d’évaluation destinés à ces personnes en privilégiant des expertises multiples.
6. Mon frère est atteint de maladie mentale. Vaut mieux ne pas avoir d’enfant pour éviter le pire.
La relation fraternelle est très variée sur le plan du partage du patrimoine génétique. Ainsi, si nous savons avec certitude que nous partageons avec chacun de nos géniteurs (parents) 50 % de patrimoine génétique (soit 50 %de ressemblance), nous ne pouvons savoir, par contre, ce que nous partageons avec notre frère ou notre sœur. Théoriquement, tout est possible entre 0 % et 100 %. Autrement dit, génétiquement, nous pouvons être complètement identiques ou différents.
7. Si je m’éloigne de ma sœur, ce sera le signe que je l’abandonne, que je n’ai plus d’intérêt pour elle.
La prise de distance n’est pas synonyme d’abandon, ni de désintérêt. Ce n’est pas parce que l’on s’éloigne quel’on ne s’intéresse plus à son frère ou sa sœur, ou que l’on n’est pas concerné par sa souffrance. L’éloignement n’est pas obligatoire pour se libérer, mais c’est parfois le seul moyen pour se recentrer et retrouver ses capacités de penser et de réfléchir.
8. Il est anormal que je ressente de la jalousie envers ma soeur qui est atteinte de maladie mentale.
Un premier retentissement sur la fratrie est, incontestablement, la souffrance des parents, leur désarroi. S’ils ne sont pas expliqués, ils peuvent stigmatiser un sentiment de culpabilité. « C’est de ma faute si mes parents sonttristes ». Ce sentiment renvoie aussi à l’impression qu’on n’a pas assez fait pour le frère ou la sœur, alors que l’on est soi-même bien portant. À cela se mêlent sentiments d’abandon, de honte, d’agressivité devant la surprotection des parents, de jalousie avec la culpabilité qui s’ensuit.
9. Ma sœur a une maladie mentale et c’est moi qui suis épuisé ; ce n’est pas normal.
La majorité des études démontrent que le fait d’avoir un proche atteint de maladie mentale provoque des effets négatifs sur la santé physique, surtout dans le cas de la prise en charge de cette personne. Une étude interne de CAP santé mentale rapporte que 82 % des familles se disent épuisées. Par ailleurs, une recherche a révélé que la détresse émotionnelle des membres de l’entourage est trois fois plus élevée que dans la population en général (60 % vs 20 %).
10. Les rencontres familiales ne sont plus possibles.
Il faut savoir prendre en compte la fragilisation qu’engendrent les rencontres familiales. Essayer de trouver ensemble des compromis réalisables qui concilieraient, au mieux, les désirs et les craintes des uns et des autres, c’est un exercice de tolérance et de respect des limites de chacun, un moyen de diminuer la tension créée par la peur de l’inconnu et de l’imprévisible.
11. Les parents sont nuisibles dans le processus de rétablissement de leur proche atteint de maladie mentale.
Les études convergent sur le poids du soutien familial et de nombreuses recherches ont démontré que les membres de l’entourage sont des acteurs importants pour soutenir la personne qui présente des troubles mentaux. (Fisher, Benson et Tessler, 1990)
12. Seul le réseau public offre des services professionnels en santé mentale.
Les organismes communautaires ont développé une expertise et un leadership reconnus. Le Québec et la France se sont faits précurseurs en supportant des organismes de soutien pour les familles et les membres de l’entourage des personnes atteintes d’une maladie mentale.
À retenir
On parle de plus en plus de santé mentale. Une personne sur cinq est affligée par une forme de maladie mentale. Pourtant, il reste encore beaucoup de mythes et de préjugés. La meilleure façon de changer les choses est l’information et la sensibilisation.
Il y a rarement un seul facteur qui explique le développement de la maladie mentale. Il y a des facteurs biologiques et psychologiques qui peuvent influencer le déclenchement de la maladie.
Tu peux faire partie de la solution, t’impliquer pour faire changer les mentalités.