Le pharmacien, un allié
En premier lieu, nous tenons à décrire le rôle du pharmacien parce qu’il s’agit, à l’heure actuelle, d’un professionnel de la santé accessible et possédant une grande compétence sur tous les aspects reliés à l’utilisation des médicaments. Bien que peu de pharmaciens soient spécialisés en psychiatrie, tous ont reçu une formation leur permettant de répondre, la plupart du temps aux questions des patients ou de leurs familles concernant la médication utilisée en psychiatrie.
Le pharmacien exerce sa pratique clinique surtout en milieu hospitalier ou en milieu communautaire (dans les pharmacies de quartier). Outre la responsabilité de la distribution des médicaments, le pharmacien travaille de concert avec les médecins et les autres professionnels de la santé pour une utilisation optimale des médicaments. Il peut émettre une opinion pharmaceutique et dans tous les cas, doit réviser le dossier pharmacologique d’un patient avant de servir un médicament.
Dans le cadre de sa profession, que ce soit en milieu hospitalier ou communautaire, il peut faire des suggestions quant au choix du médicament, aux doses utilisées, aux associations médicamenteuses tentées, à la gestion des effets indésirables et des interactions pharmacologiques avec des médicaments prescrits ou en vente libre. Il participe aussi à la formation d’autres intervenants de soins. Il doit, selon la loi de la pharmacie, émettre des conseils d’usage sur la médication, et ce, pour chaque nouvelle ordonnance. Il doit aussi juger de la sécurité de la prescription en tenant compte des informations colligées au dossier du patient. Ainsi, il s’assure que toute nouvelle prescription est compatible avec les autres médicaments prescrits, que la dose et le médicament prescrits sont adéquats en fonction des paramètres spécifiques du patient (âge, poids, conditions préexistantes comme insuffisance rénale, allergie connue, etc.).
Au Québec, le pharmacien peut être rémunéré pour émettre une opinion pharmaceutique. Il peut même refuser d’exécuter une ordonnance médicamenteuse, s’il considère la thérapie prescrite inappropriée. Le plus souvent, en cas de problèmes, le pharmacien contacte le médecin et ensembles, ils conviennent d’une stratégie thérapeutique commune, la plus sécuritaire et efficace pour le patient. Toutes ces responsabilités expliquent parfois certains délais d’attente au comptoir de la pharmacie de quartier. Bien sûr, l’achalandage y est aussi parfois important et il peut être pertinent de choisir un moment plus propice dans le cas où l’on souhaiterait obtenir une discussion approfondie sur un sujet particulier.
Il ne faut pas hésiter à poser aux pharmaciens toutes les questions concernant l’utilisation des médicaments, que ce soit par téléphone ou en se rendant à la pharmacie. Les pharmacies sont maintenant munies d’une aire de consultation qui permet au pharmacien d’établir un lien de confiance avec le patient dans un cadre plus confidentiel. Le fait de se rendre toujours à la même pharmacie constitue pour le patient une certaine garantie d’une évaluation plus juste et adéquate de son dossier pharmacologique. En psychiatrie (comme dans d’autres domaines d’ailleurs), de nombreux médicaments peuvent interagir entre eux ou avec des médicaments de ventre libre et exposer le patient à des risques accrus d’effets indésirables.
Souvent, le patient consulte un spécialiste (psychiatre, gériatre, neurologue par exemple) et voit aussi un médecin généraliste. Le dossier pharmacologique de la pharmacie de quartier devient alors un outil d’autant plus précieux que toute l’information concernant l’utilisation des médicaments y est centralisée, facilement accessible et continuellement mise à jour. Le patient a donc tout avantage à toujours consulter le même pharmacien et à favoriser la création d’une alliance thérapeutique avec ce professionnel de la santé.
Source: Marie-France Demers, pharmacienne