Témoignage : Développement de la maladie
Développement de la maladie
Au début, vers l’adolescence, des fois on perçoit chez notre proche un manque de contact avec la réalité et/ou on le voit désorganisé. La drogue étant de la partie, ça complique encore plus les choses.
Rien à voir avec son excellente capacité intellectuelle, sa subtile maladie évolue et prends plus de place; le lot d’anxiété mal vécu dans divers secteurs de sa vie où la drogue, source de réconfort et d’échappatoire, l’amène à de mauvaises fréquentations; il glisse, année après année, vers la toxicomanie, un mode de vie, des pensées et des émotions, qui nuisent à son fonctionnement, et de plus en plus clairement vers des symptômes d’idées délirantes, puis de psychose. Il aboutit, de force la plupart du temps, à l’urgence tellement sa santé mentale et sa sécurité sont en périls.
Concrètement, il vit, en boucles répétitives : hospitalisations, tentatives d’intégration sociale (travail et hébergement), périodes stables heureuses, puis rechutes et programmes de désintoxication.
On a toujours essayé avec acharnement de trouver l’aide dont il a besoin et on doit avouer qu’on a tous été, dans son proche entourage, sérieusement déstabilisé de vivre tout ça, avec lui. Heureusement on est dirigé vers une équipe traitant les troubles concomitants qui le supportent dans sa saga et nous supportent aussi : son entourage. Notre amour et soutien sont primordiaux pour lui : on est toujours là, malgré tout, et on s’ajuste continuellement pour l’accompagner de la meilleure façon (pour nous ET pour lui).
Une quinzaine d’années plus tard, sa maladie est nommée : Les médecins adaptent régulièrement l’ordonnance de traitement (soin et hébergement) pour trouver la bonne dose et médication (ainsi que type d’hébergement) auxquels répondra le mieux mon proche pour contrôler les symptômes de sa maladie et l’encadrer via son milieu de vie afin qu’il trouve SON équilibre de vie saine.
Mais l’essentiel reste son acceptation à prendre régulièrement cette médication (malgré la tentation de les arrêter lorsqu’il va mieux, et vu les effets secondaires : ici, pour notre proche, surtout somnolence et prise de poids) et à rester abstinent côté toxicomanie.
Avec l’aide des spécialistes de son équipe traitante, et les intervenants dans différentes ressources, notre proche arrive maintenant à une étape où il accepte mieux sa
condition, il arrive à demander de l’aide et est plus conscient de son problème. Toutefois, il est fragile et l’appel inopiné de la drogue est présent à tout moment.
Acceptation
Son acceptation de la maladie et sa gestion de vie, en rapport avec elle, sont son constant défi. Et il en est de même pour nous !
Au travers de toutes ces années, et avec l’aide des intervenants pour nous, son entourage), on est mieux outillés, plus en contrôle de nos émotions face aux ‘’montagnes russes’’ des émotions associées à ses rechutes. On a appris à faire le deuil de la personne que l’on croyait que notre enfant deviendrait : ces attentes que l’on avait. On doit les recréer avec la réalité devant nous. Accepter et aimer, notre proche, comme il est. Accepter aussi qu’il n’y aura probablement pas de guérison, mais plus viser le rétablissement d’un mode de vie, sa vie, dans lequel il est fonctionnel, et juste lâcher prise sur nos attentes : vivre et laisser vivre. Faire confiance.
Donc, maintenant, après toutes ces années, on « commence » à accepter, comprendre, respirer, démystifier… name it !! (On commence! On digère tout ça petit à petit… et on sait que pour notre proche c’est assez similaire !!)
On se donne le droit de ne pas se sentir coupable (il est outillé de ressources et a une équipe traitante qui l’encadre) on se donne le droit de s’avouer que notre proche fait ses propres choix (même si, parfois, ils sont difficiles à comprendre).
On apprécie beaucoup le groupe de discussion et partage Facebook « CAP santé mentale ». On y échange sans juger. Le contact et l’ambiance d’entraide nous sont très salutaires.
On se permet de vivre heureux et on focus sur le positif ! … Même dans l’adversité. La vie n’est pas un long fleuve tranquille !
Merci à tous