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Un message de Suzanne, mère d’un fils atteint de schizophrénie

Je m’adresse aux mères qui viennent d’apprendre qu’un de leurs enfants est atteint de maladie mentale. Je veux vous dire que je comprends votre peine, mais je veux surtout partager avec vous une page de mon histoire qui saura, je l’espère, éveiller en vous une lueur d’espoir. Apprendre que notre fils a une maladie mentale, je m’en souviens comme si c’était hier, je vous avoue que nous sommes toujours à fleur de peau et faire un retour en arrière ce n’est pas facile.

Les premiers symptômes sont apparus en 1991, notre fils avait 17 ans. Mais c’est vraiment en 1994 que nous avons appris de la bouche du psychiatre, la triste nouvelle de cette foudroyante maladie, la schizophrénie. Pendant qu’il nous expliquait les détails de la maladie et tout ce qui s’en suit, nous lui avons demandé de nous laisser respirer pour reprendre nos esprits. Nous avions les larmes aux yeux et du mal à croire ce qui arrivait à notre enfant que nous aimions. Nous avons été confrontés à une dure réalité qui nous a jetés au sol, qui nous a fait vivre une grande peine, une douleur qui vient encore nous chercher jusque dans nos tripes. Une souffrance qui donne envie de hurler.

Nos coeurs de parents, dont celui de la mère que je suis, étaient déchirés comme les voiles d’un bateau. Que de pourquoi, de colère et de lâcher prise nous avons dû libérer. Nous étions propulsés dans une tempête orageuse avec des vagues insurmontables. Notre couple et notre famille étaient en naufrage. Nous avions besoin de secours, de quelqu’un à qui parler, à qui l’on peut tout dire et qui va nous comprendre. Si nous ne reprenions pas la barre, nous perdions le contrôle et c’est la maladie qui risquait de nous emporter sur une île déserte.

Aujourd’hui, je peux vous affirmer qu’il faut être bien équipé pour faire face à une situation difficile. Nous avons connu l’isolement, le repli sur soi et bien d’autres barrières. Notre famille et notre couple en ont souffert, et ce, sans parler des déchirements intérieurs que j’ai vécus comme mère, comme femme. C’est à partir du moment où nous avons décidé d’aller chercher de l’aide que les choses ont changé. Les services que nous avons reçus de l’association de notre territoire nous ont été d’un grand secours. En fait, sans l’appui d’un personnel compétent, généreux et attentif, nous n’aurions sans doute pas réussi à nous orienter et à reprendre pied. Nous serions peut-être encore dans la tourmente et je ne serais pas là, à partager avec vous.

Oui, nous avons bravé les intempéries, et oui, nous les avons traversées. Je vous assure qu’être bien entouré est tellement réconfortant. Aujourd’hui, la femme que je suis est beaucoup plus forte, j’ai compris que la vie ne s’arrête pas le jour du diagnostic.

Je vous lance un cri du coeur, brisez votre mur de solitude et vous y retrouverez votre liberté. À chaque instant de votre journée, vous aurez le sentiment de savourer de petites victoires. Ne restez pas seule avec votre souffrance, allez frapper à la porte d’une association-membre de CAP santé mentale, vous serez à même de constater que l’espoir est bien présent, bien réel.

Bien sûr, il y a des jours où j’ai des petites faiblesses, des failles et des moments plus difficiles. Cependant, j’ai en main des outils que j’ai appris à utiliser et croyez-moi, ceci fait toute la différence !

Suzanne Gauthier

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