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La maladie mentale entre l’extrême gauche et l’extrême droite

Québec, le 3 octobre 2012 | Force est de constater que le Québec a connu un mois de septembre riche en couleurs et en saveurs. Les élections du gouvernement du Québec ont ravivé les discours de la Gauche et de la Droite à plusieurs égards. Tous les québécois ont été témoins ou ont entendu des positions parfois diamétralement opposées de la part de politiciens, de journalistes ou d’éditorialistes. Dans la majorité des chaumières du Québec, les discussions politiques ont navigué entre les idées gauchistes et droitistes, chacun prétextant détenir sa vérité. Des débats que l’on peut qualifier de sain pour notre société, puisque comme le dit le proverbe : « De la discussion jaillit la lumière » et nous n’en sommes pas à nos derniers débats.

Cependant, là où le bât blesse, c’est lorsque l’on introduit la perception de la population en lien avec la notion de la maladie mentale, un sujet qui suscite souvent de gros débordements. Une problématique où les opinions peuvent devenir extrêmes et empreintes d’émotion; des propos qui peuvent avoir des effets dévastateurs en lien avec les préjugés. Vous conviendrez que nous avons entendu parler de maladie mentale, non pas dans les préoccupations de nos politiciens, mais entre autres relativement à l’attentat dont a été victime notre première ministre Mme Marois et le drame survenu à Saint-Romain.

Toujours dans l’actualité, la question demeure la même face à ces tragiques événements : qui sont donc ces hommes qui ont dépassé les limites de la raison ? On les décrit comme « fous », « déséquilibrés », « malades mentaux », des termes que l’on a entendus un peu partout pour trouver une explication à des gestes inacceptables.

Or, en lien avec ces tristes histoires, nous avons constaté qu’un vent dominant d’extrême droite s’est abattu sur le Québec. Parler de maladie mentale dans des termes qui façonnent la peur collective entraîne immanquablement une vision de contrôle qui peut se traduire par une augmentation significative des préjugés à l’endroit des personnes atteintes et de leur famille. NON, les personnes atteintes ne sont pas systématiquement dangereuses. NON, les familles ne sont pas responsables de la maladie de leur proche. NON, elles n’ont pas à assumer et à contrôler la vie de leur enfant, leur conjoint, leur ami atteint de maladie mentale.

Collectivement, nous devons être vigilants car la maladie mentale ne doit pas être portée par des camps extrémistes. Une extrême gauche, de par ses idéologies, peut nier l’existence même de la maladie mentale et ses symptômes dévastateurs alors qu’une extrême droite, à l’inverse, peut faire des ravages par ses propos de peur et de contrôle. Gardons en tête l’équilibre et la loi du gros bon sens.

En cette semaine d’information et d’éducation aux maladies mentales, il est temps de parler de prévention, de la VRAIE prévention. Les services en santé mentale doivent être réellement arrimés les uns aux autres dans la continuité. Les gens qui ont des troubles mentaux et qui présentent des signes de violence doivent pouvoir bénéficier, coûte que coûte, d’un suivi systématique. Les familles doivent être prises en considération dans le plan de traitement de leur proche, et nos politiciens doivent prendre au sérieux les problèmes de maladie mentale.

Tous les québécois ont droit aux services de santé physique; c’est acquis. Souhaitons que le nouveau gouvernement sache maintenant établir les mêmes critères pour la santé mentale. Une prévention active peut sauver des vies et non pas seulement éviter d’en perdre; ça, les familles en sont convaincues.

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Lettre ouverte rédigée par Jean-Yves Turmel, président et Hélène Fradet,
directrice générale de la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale