La maladie mentale et la politique… Question de courage!
Parution dans La Presse et sur Cyberpresse.ca | 4 octobre 2005
Lettre ouverte adressée au ministre de la Santé et des Services sociaux,
M. Philippe Couillard
Québec, le 1er octobre 2005
Monsieur Couillard,
Pour une deuxième année consécutive, je profite de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales pour vous adresser un mot personnel, publiquement.
L’an dernier, à pareille date, je vous parlais du courage démesuré des familles qui ont un proche atteint de maladie mentale, je vous mettais au défi d’avoir ce même courage afin de faire changer le cours des choses dans l’organisation des services. Me revoici pour vous faire part de mes commentaires face à vos actions, face à votre idéologie.
Vous nous aviez annoncé un Plan d’action en Santé mentale, document que vous avez rendu public le 15 juin dernier. Une sortie très discrète malheureusement puisque la maladie mentale n’intéresse que très peu les médias, à moins qu’on y associe un drame passionnel ou familial. Loin des feux de la rampe, ce projet n’a toutefois pas laissé les familles indifférentes, bien au contraire. Nous, les contribuables, qui trimons dur dans la vraie vie, qui vivons les problèmes quotidiennement, nous avons étudié attentivement votre proposition.
De façon générale, je vous exprime ma surprise, mon agréable surprise de voir que vous avez osé mettre un frein au travail en vase clos. Vous semblez avoir fait le pari de réussir là, où plusieurs ont échoué. Vos idées sont intéressantes puisqu’elles bousculent les zones de résistance, vous osez même chambarder les pratiques professionnelles. En santé mentale, peut-être plus qu’ailleurs, il est difficile d’arrimer les services, le petit peuple n’en peut plus de magasiner, de frapper d’une porte à l’autre, toujours en quête de réponses et de recommencer à chaque fois que la crise se présente dans les chaumières. Vos recommandations sont claires, les agences de développement et les intervenants du milieu ont à leur disposition non pas seulement les ingrédients mais également la procédure pour que la recette réussisse, c’est-à-dire un meilleur arrimage entre les services.
Un autre élément de surprise, vous avez écouté les besoins des membres de l’entourage, votre plan d’action est explicite à cet égard. ENFIN quelqu’un a écouté mais surtout, apparemment compris ! Sur votre bulletin, M. Couillard, pour le dossier Santé mentale, je vous donnerai un A pour la partie théorique, malheureusement je ne suis pas en mesure à ce stade-ci, de vous noter sur la partie pratique. En fait, j’espère pouvoir le faire à pareille date… l’an prochain !
Cette note sera cependant beaucoup plus difficile à obtenir puisqu’elle implique que vous aurez besoin de l’appui et de la bonne volonté de l’ENSEMBLE des intervenants qui oeuvrent en santé mentale, et voire même, de tous les professionnels de la santé. Seront-ils partants avec vous, derrière vous, croiront-ils à votre projet, voudront-ils modifier leur pratique ? La réponse leur appartient. Monsieur le Ministre, il vous reste à les épauler et à les soutenir financièrement, car ce sont eux qui vous permettront d’obtenir la note parfaite ou l’échec !!!
À ce jour, vous avez fait preuve d’une bonne dose de courage, cependant je vous incite fortement à vous inspirer de celui des familles et amis qui ont un proche atteint de maladie mentale pour poursuivre votre route. La théorie, c’est une chose… la pratique en est une autre !
Sur ce, bonne chance monsieur Couillard et soyez assuré que je serai au rendez-vous l’an prochain!
Rémy Girard
Comédien et porte-parole de la FFAPAMM depuis 1994