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LETTRE OUVERTE | Santé mentale : nous devons en faire une priorité nationale

Il y a un an, après les tristes événements de Québec et des mois de pandémie, la santé mentale est soudainement redevenue un enjeu d’actualité. Le gouvernement du Québec promettait d’en faire plus et surtout d’investir plus. Un an plus tard, qu’on se le dise : encore beaucoup reste à faire pour mieux soutenir les familles et les jeunes touchés par la maladie mentale d’un être cher.

Le gouvernement du Québec fera-t-il preuve d’audace cet automne? Le ministre Lionel Carmant a l’opportunité de marquer le coup et de faire de la santé mentale une priorité nationale. Les familles fondent beaucoup d’espoir dans le Plan d’action en santé mentale qui doit être dévoilé dans les prochaines semaines. Il est encore temps pour le gouvernement d’envoyer un signal fort : l’importance de mieux soutenir les milliers de familles touchées par la maladie mentale. Ça prend des mesures concrètes dès maintenant avec un accès sans délai aux services de proximité et plus de soutien financier pour les organismes communautaires. Le ministre Carmant aura-t-il ce leadership?

L’enjeu, ce n’est plus de reconnaître le problème, mais la façon de l’attaquer. Soyons clair : le gouvernement doit changer son approche en santé mentale et cesser de gérer uniquement autour des listes d’attente. Oui, reconnaissons l’urgence actuelle des listes d’attente, mais le gouvernement doit miser sur une solution globale et à long terme qui passe par une vision de services intégrés en santé mentale qui incluent la prévention et les services précoces et disponibles dans la communauté. En Australie, le gouvernement l’a bien compris : le budget en santé mentale a doublé en 10 ans !

Cette nouvelle vision passe par la place qu’on donne aux familles. Avez-vous idée de ce que ces familles vivent au quotidien? Elles sont aux premières loges et ce sont elles qui accompagnent la personne ayant une maladie mentale 24 heures sur 24 et 365 jours par année. Lorsqu’elles sont bien soutenues, les familles contribuent au succès du rétablissement de la personne et à réduire les coûts associés aux services d’urgence, hospitaliers et spécialisés. Pourtant, les ressources allouées aux organismes dans la communauté pour les soutenir sont nettement insuffisantes. Ça doit changer maintenant!

On doit aussi se préoccuper de nos jeunes. Les études révèlent qu’un jeune sur cinq a un parent vivant avec un trouble de santé mentale. Ces jeunes sont affectés dans leur vie sociale, leur réussite scolaire et leurs projets d’avenir. Ils sont plus à risque de développer eux-mêmes un trouble de santé mentale. Ils ne vont généralement pas chercher de l’aide en raison des tabous et parce qu’ils ne connaissent pas les ressources d’aide. Il faut pouvoir aller au-devant d’eux, se donner les moyens d’agir en prévention et répondre rapidement à leurs besoins. Les organismes communautaires veulent aider davantage nos jeunes, mais encore faut-il avoir les moyens pour les rejoindre. Le financement manque cruellement.

Le premier ministre Legault souhaite donner un nouvel élan économique au Québec. Financer les services en santé mentale, dont le soutien aux familles qui sont le premier rempart devant la maladie mentale, ne doit plus être perçu comme une dépense, mais comme un investissement. En investissant en santé mentale, le gouvernement contribuera à la santé des Québécois, mais aussi à la santé économique du Québec. Parce que des citoyens en santé, c’est le premier carburant pour redémarrer le moteur de notre économie.

René Cloutier
Directeur général
CAP santé mentale