Monsieur Trudel, serez-vous vraiment le ministre du peuple?
Parution dans La Tribune | Édition du 22 mars 2001
Parution dans La Presse | Édition du 1er avril 2001
Parution dans Progrès-Dimanche | Édition du 15 avril 2001
Lettre ouverte à Monsieur Rémy Trudel
Ministre d’État à la Santé et aux Services sociaux
Sherbrooke, le 21 mars 2001
En septembre dernier, lors du Forum santé mentale, j’ai eu l’occasion de partager avec Mme Marois les difficultés vécues en tant que mère d’un fils atteint de maladie mentale. J’étais heureuse de raconter qu’elle m’avait écouté respectueusement. Enfin de l’espoir et de la reconnaissance face aux besoins découlant de la désinstitution-nalisation.
Oui, de l’espoir. Enfin, dans ma naïveté et dans ma candeur, je l’ai cru ou je voulais la croire. Le discours politique laissait sous-entendre que le gouvernement reconnaissait qu’il devait aider les familles et les proches des personnes atteintes de maladie mentale. La ministre de l’époque reconnaissait également que le fardeau des familles était lourd, trop lourd. C’est pourquoi nous nous retrouvons plus de 8,500 familles inscrites dans 45 associations réunies au sein de la Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM).
J’ai utilisé les services d’une de ces associations. J’y fus accueillie, écoutée, réconfortée et aidée. Depuis, j’en suis devenue la présidente et depuis quelques années, j’assiste régulièrement aux rencontres du conseil d’administration de la FFAPAMM. où j’’ai le privilège d’échanger avec des personnes en provenance de toutes les régions du Québec. C’est pourquoi je suis en mesure de vous parler de l’ampleur des besoins. Votre ministère reconnaît que près d’une personne sur cinq souffrira de maladie mentale un jour ou l’autre. Imaginez le nombre de familles et d’amis qui auront l’obligation d’apporter aide et support aux leurs. À ce 20% de la population, on affecte moins de 9% des budgets de la santé.
Lors du Forum, votre ministère annonçait l’injection d’un maigre 8 millions de dollars supplémentaire… Les besoins pour combler le manque à gagner de nos associations est à lui seul de 6,4 millions!! Morcellement et mode de distribution aléatoire sont le lot des régions, situation qui place la majorité de nos associations dans des situations extrêmement précaires.
Monsieur Trudel, les familles ont besoin de l’aide et du support apportés par chacune des associations membres de la FFAPAMM. Des personnes comme moi, il y en a des milliers au Québec et sachez que votre gouvernement nous a utilisés à outrance. C’est terminé, nous avons atteint notre limite. Tout comme nos proches, nous avons besoin d’aide. J’ai participé de bonne foi au Forum santé mentale organisé par votre prédécesseur… j’ai cru en elle et j’ai été déçue. Pourrons-nous croire en vous ou serons-nous encore une fois confrontés à une empathie strictement politique???
Jeannine Croteau
Présidente, APPAMM-ESTRIE