Trahison des ministres Legault et Bertrand
Parution dans Le Quotidien | 4 mars 2003
Parution dans Le Droit | 7 mars 2003
Parution dans La Tribune | 8 mars 2003
Québec, le 2 mars 2003 – La Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM) est un regroupement provincial qui représente 42 organismes communautaires répartis dans 14 régions administratives qui interviennent auprès des familles et amis des personnes atteintes de maladie mentale.
Aujourd’hui, nous dénoncons l’attitude des ministres Legault et Bertrand pour le peu de considération dont ils ont fait preuve à l’endroit des membres de l’entourage lors de l’annonce de nouveaux budgets en santé et services sociaux. Lorsque nous avons appris l’annonce d’un ajout de 25 millions de dollars en santé mentale, nous ne pouvions que nous réjouir; les services pour les personnes atteintes de maladie mentale souffrent chroniquement de sous-financement. Cependant, là où le bât blesse, c’est de voir qu’encore une fois, le gouvernement abandonne les familles, un scénario connu.
Pourtant, les membres de l’entourage se sont impliqués activement dans de nombreux travaux au cours des derniers mois en mettant leur expertise au profit du Ministère. D’ailleurs, le Groupe d’appui à la transformation des services de santé mentale qui guide le Ministère sur ses orientations, doit adopter à la mi-mars un avis pour l’implantation de mesures de soutien aux membres de l’entourage. Nous avons vraiment l’impression de travailler dans le vide, puisqu’aujourd’hui, les résultats concrets sont nuls: RIEN pour soutenir cette implantation, comme s’il n’y avait pas de travaux en cours. La déception fait place à la colère et le mot est faible. On en vient à penser qu’il y a de la mauvaise foi de la part de nos décideurs politiques, puisque dans les corridors et sur tous les comités sur lesquels nous siégeons, ont nous dit comprendre et considérer le fardeau et les besoins des membres de l’entourage qui accompagnent une personne atteinte de maladie mentale. Une mer sépare cependant les discours des actions.
De récentes études effectuées pour le compte de la FFAPAMM par Mme Hélène Provencher, Ph.D., professeure en Sciences infirmières à l’Université Laval, et M. Michel Rousseau démontrent entre autres que les familles qui soutiennent une personne atteinte de maladie mentale ont une détresse émotionnelle trois fois plus élevée que dans la population en général, que 62% consacrent plus de 25 heures/semaines à leur proche, que 61% considèrent avoir davantage de problèmes de santé depuis l’apparition de la maladie mentale de leur proche et que 82% des familles sont épuisées.
Malgré cela, le gouvernement, par l’entremise de la nouvelle Politique de soutien à domicile, prévoit investir 10 millions pour le soutien aux familles, toutes problématiques confondues. L’orientation des services est dirigée vers l’implantation de mesures de répit-dépannage. En santé mentale, les membres de l’entourage, sans dénigrer l’importance d’avoir accès à de tels services, revendiquent des budgets pour le développement d’une gamme de services: interventions psychosociales, écoute téléphonique, activités d’information, de formation et de sensibilisation, groupes d’entraide et accompagnement en situation de crise.
Les groupes-membres de la FFAPAMM sont comme les familles: épuisés. Il leur manque 6,4 millions pour être consolidés. Certains fermeront leurs portes dans quelques jours, d’autres couperont des services. Malgré leurs difficultés financières, ils répondent à plus de 20 000 demandes d’aide annuellement. À lui seul, ce chiffre requiert le respect des ministres Legault et Bertrand.
En cette période pré-électorale, la FFAPAMM veut obtenir un engagement ferme de la part du gouvernement. De plus, elle veut entendre la position des libéraux et des adéquistes sur cette question.
La force de nos organisations réside dans le fait que les services sont gérés par les membres de l’entourage, ils sont adaptés et près des besoins de la clientèle. Il est plus que temps que le gouvernement reconnaisse notre expertise et appuie financièrement les services offerts par nos organismes communautaires, parce qu’au rythme où vont les choses, ces familles, qui sont considérées par le gouvernement comme des dispensateurs de services à bon marché, se retrouveront elles-mêmes sur les unités de psychiatrie et occasionneront des dépenses beaucoup plus importantes que les 6,4 millions réclamés.
Marc-André Bédard, président
Fédération des familles et amis de la
personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM)