L’expertise professionnelle des intervenants est indispensable au rétablissement de la personne et à l’implication des membres de l’entourage
« Souvent, les proches vont nous aider à détricoter le chemin pour nous permettre de nous rendre jusqu’à la personne. Le rôle de la famille est essentiel, c’est souvent elle qui va tirer la sonnette d’alarme » – Marc-André Roy, psychiatre
Les professionnels de santé mentale détiennent une expertise qui est, d’emblée, reconnue par les membres de l’entourage. Cependant, un récent sondage interne mené par la FFAPAMM et du CAP santé mentale auprès de 302 répondants révèle qu’à peine 34% des membres de l’entourage considèrent que l’équipe de soins leur transmet toutes les informations pertinentes et nécessaires afin qu’ils puissent bien accompagner leur proche dans son rétablissement.
Dès lors, privés d’informations générales pouvant les rassurer sur la situation de ce dernier, apparaissent les frustrations, l’isolement, la communication unilatérale et la perception erronée d’être un poids plutôt qu’un allié. Le problème de communication transmet le message que les intervenants ne considèrent pas important de renseigner les membres de l’entourage ou de les impliquer dans la prise de décisions qui les concernent.
Dans les faits, on ne peut pas conclure à la mauvaise volonté des professionnels, loin de là. Des études1 faites auprès de ces derniers indiquent qu’ils considèrent les membres de l’entourage importants mais qu’en raison de leur lourde charge de travail, ils disposent souvent d’un temps limité pour établir une bonne communication avec eux. Par ailleurs, leur comportement est souvent justifié par le respect de la confidentialité de leur patient2.
Nous sommes donc devant un problème auquel il faut remédier puisque de part et d’autre, professionnels et membres de l’entourage conviennent de leur importance respective. Question d’enrichir la réflexion, voici un texte produit par l’Hôpital de Montréal pour enfants3 sur les pistes de solutions en vue d’améliorer la collaboration patients-familles. Il s’agit de suggestions qui peuvent assurément inspirer l’organisation des services de santé mentale !
« Les responsables administratifs et cliniques doivent commencer par donner un exemple positif, en adoptant un modèle de collaboration avec les patients et les familles. Parmi les autres étapes à considérer, il convient de s’assurer que le personnel dispose des ressources nécessaires pour mettre en pratique les soins centrés sur le patient et la famille et de récompenser les pratiques exemplaires.
Par exemple, il peut être utile de créer des groupes de discussion pour permettre aux membres du personnel d’exprimer leurs préoccupations pour ensuite fournir des programmes de formation qui répondent à ces préoccupations. Le fait de fournir au personnel les ressources et le soutien nécessaires pour travailler efficacement en partenariat avec les patients et les familles se traduit habituellement par des changements de pratique et d’attitude. Les programmes d’enseignement qui font appel à des patients et des familles comme animateurs – pour témoigner de leurs expériences au sein du système de santé – aident à élargir les perspectives et les connaissances du personnel. Pour appuyer ces efforts, on peut aider les membres du personnel dans leur apprentissage des soins centrés sur le patient et la famille, tant sur le plan intellectuel qu’émotionnel, en les invitant à réfléchir à leurs propres expériences des soins et à la façon dont ces expériences influencent leur pratique.
Une autre technique efficace consiste à former des champions centrés sur le patient et la famille au sein de l’hôpital ou de l’organisation. Pour ce faire, on peut demander à des gestionnaires, des cliniciens et du personnel de soutien ayant déjà un intérêt ou une connaissance des soins centrés sur le patient et la famille de siéger au sein des comités et des groupes de travail avec des patients et des familles. Si possible, choisissez pour ces rôles des membres du personnel qui sont déjà considérés comme des leaders d’opinion par leurs pairs.
Il est plus facile de vaincre la résistance en faisant participer le personnel au processus d’évaluation des changements et des améliorations ainsi qu’aux plans de structuration pour la diffusion de l’innovation. Donner l’occasion aux membres du personnel de partager leurs expériences positives et de discuter de résolution de problèmes sur des sujets critiques est aussi une stratégie gagnante. »
La communication c’est payant… Parlons-nous !
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1 Santé Canada/www.sc-hc.gc.ca
2 Plan d’action en santé mentale 2015-2020 / Faire ensemble et autrement
3 Hôpital de Montréal pour enfants / L’approche de soins de santé centrés sur le patient et la famille.