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Préserver son équilibre … c’est possible!

Renée Lahaye

Dans cette difficile aventure, que j’ai à vivre avec la maladie mentale de ma fille qui porte le nom de schizophrénie, un mot difficile à entendre, d’autres mots sont venus s’imposer à moi et donner un sens à ma vie et à celle de ma fille. Ces mots sont l’espoir et le rétablissement.

Garder espoir et croire dans le rétablissement de ma fille sont pour moi les facteurs de réussite les plus importants. La maladie de ma fille a été tout d’abord une grande prise de conscience de la fragilité de la vie et du fait que nous ne sommes pas à l’abri de toute forme de maladies ou d’accidents tout au long de notre existence.

Garder l’espoir et croire dans le rétablissement de ma fille n’ont pas été sans souffrances, sans rechutes, sans difficultés et sans recommencements autant pour moi que pour ma fille. Un élan intérieur me disait que si elle pouvait lire dans mes yeux, dans mon attitude, dans mes paroles et dans mes actions malgré ses symptômes toute la considération et la confiance que j’ai pour elle, elle saurait qu’elle aussi peut garder l’espoir qui est le moteur des plus grandes transformations et la route vers un plus grand rétablissement.

Cela ne se fait pas tout seul. Ça d’abord passé par la conscience de qui j’étais, des mes pensées parfois sombres, de mes peurs, de mes découragements et de ma tristesse pour découvrir que pour moi le plus important dans ma vie c’était ma fille. Je veux qu’elle soit la plus heureuse possible et qu’elle puisse s’épanouir en s’accomplissant malgré ses limites. Je lui fais confiance et je la laisse prendre ses décisions le plus possible, notre communication est claire et respectueuse, je la considère avant tout comme une personne qui a ses capacités et ses rêves et qui peut réaliser des projets. Et je suis là pour la soutenir,si elle le désire. Garder l’espoir et croire dans le rétablissement de ma fille c’est aussi garder espoir pour ma vie et mon propre rétablissement. C’est l’équilibre des vases communicants.

Collectivement, nous pourrions être des agents de changement extraordinaires. Un jour, j’ai contacté La Boussole, comme un appel à l’aide, pour savoir comment bien accompagner ma fille dans sa maladie. Au début, tout était confus. J’avais tendance à prendre le rôle d’intervenante et je craignais de faire confiance. Mes peurs prenaient le dessus. Les conférences, les formations et les groupes d’entraide m’ont outillée et je suis devenue une meilleure accompagnatrice auprès de ma fille. J’ai compris aussi que si les membres de l’entourage se regroupent, ils deviennent une force pour mieux cerner leurs propres responsabilités, leurs limites et combattre les préjugées. Comme accompagnateur, nous avons la responsabilité de nous informer, d’accepter notre rôle et de développer nos attitudes pour mieux traiter avec les intervenants du système, c’est à dire de se former à être des accompagnateurs compétents. C’est le meilleur moyen pour aider notre personne malade.

Il est important comme membres de l’entourage d’oser se battre, sortir de l’ombre, oser dénoncer pour enfin être reconnus comme des personnes aidantes qui aiment, qui désirent accompagner un être cher dans ses difficultés, qui luttent pour survivre aux préjugées autant pour soi que pour sa famille et qui souhaitent apporter toutes ses connaissances et ses expériences uniques pour améliorer les soins de santé et favoriser le rétablissement de la personne que nous aimons.

Renée La Haye, 2014

VIA Rail_2014